IV. 57 – L’État syrien et les groupes d’opposition, à Astana, 23-24 janvier 2017

IV. 57 – L’État syrien
et les groupes d’opposition, à Astana,
23-24 janvier 2017

Syrie

Dans la semaine précédant les pourparlers d’Astana, le président de la République Arabe Syrienne, Bachar El Assad, avait proposé aux rebelles de déposer leurs armes en échange d’une amnistie. Lors d’un entretien accordé à la télévision japonaise TBS, il avait déclaré à propos de cet échange en vue d’un cessez-le-feu durable : « Cela visera à protéger la vie des gens et permettra d’acheminer l’aide vers les différentes régions de Syrie. » « Les pourparlers devront permettre aux groupes (rebelles) de se joindre aux accords de “réconciliation”, ce qui signifie rendre les armes en échange d’une amnistie. » « C’est la seule chose que nous pouvons espérer en ce moment. » [Tribune de Genève, Assad offre une amnistie aux groupes rebelles – Syrie Le président syrien demande aux rebelles de déposer leurs armes en échange d’une promesse d’amnistie, 19 janvier 2017.]

Après la libération d’Alep par l’armée de la République, la délégation syrienne se trouve en bonne position pour discuter avec l’opposition derrière laquelle se dissimulent les États occidentalo-golfico-sionistes. La délégation, qui était présente aux conférences de Genève, a été reconduite pour mener les pourparlers dans la capitale kazakhe. Sous la houlette de Bachar al-Ja’afari, elle est porteuse de quatre exigences exprimées par l’État syrien.

La première exigence concerne la durée du cessez-le-feu et la loyauté de la Turquie… « Damas demande d’abord un délai pour le cessez-le-feu, un délai d’au moins un an. Le gouvernement syrien a la ferme intention de mettre à l’épreuve pendant ce temps-là l’engagement des groupes armés envers le cessez-le-feu et surtout l’engagement de la Turquie envers une solution politique de la crise afin de voir si oui ou non Ankara poursuivra son soutien aux terroristes. » [Presstv.ir, Que demande Damas au camp adverse ?, 24 janvier 2017.]

La deuxième s’attache à la différence à faire entre les groupes armés : « Une autre exigence de Damas consiste à faire une nette distinction entre Mohammad Allouche et les représentants de 13 autres groupes armés présents à Astana et ceux comme Ahrar al-Chaam qui n’y sont pas venus. Damas veut qu’une nette séparation soit faite entre les groupes qui ont adhéré à la trêve ou veulent le faire et les groupes qui l’ont boycottée. » [Idem.]

La troisième exigence évoque la nécessité de… « créer un axe commun de lutte contre le terrorisme » avec, notamment, « les parties signataires de l’accord de cessation des hostilités ». [Idem.]

La quatrième insiste sur le tarissement des sources d’armes et de terroristes qui alimentent cette guerre. Et donc, ce que veut la Syrie, « c’est la fermeture des frontières turques pour empêcher le trafic d’armes et la circulation des terroristes à destination de la Syrie ». [Idem.]

Les opposants (Mohammad Allouche au centre),
à Astana I, 23 janvier 2017

Après leur échec militaire à Alep et à la veille de la réunion à Astana, les groupes d’opposition, qui n’ont jamais été vraiment unis, sont encore plus divisés. Pour la première fois, la délégation syrienne gouvernementale, menée par Bachar al- Ja’afari, et la délégation des opposants, menée par Mohammad Allouche, devaient se retrouver face à face pour discuter, mais les représentants des opposants inaugureront cette rencontre en refusant obstinément de négocier directement avec les représentants de l’État syrien. Or, il s’agit de tenter de maintenir le plus longtemps possible le cessez-le-feu du 29 décembre 2016.

Des groupes de combattants qui luttent contre l’armée de la République Arabe Syrienne pour garder certains territoires, devraient être secondés, lors de ces pourparlers, par des membres de la branche politique du HCN (Haut Comité des Négociations) qui a été créé à Riyad, le 10 décembre 2015, avec des capitaux de l’Arabie saoudite et qui est soutenu par quelques États occidentaux.

Le HCN représente les groupes politiques et armés les plus importants de l’opposition. Membre du HCN, chef du bureau politique d’une coalition de groupes d’inspiration salafiste, Jaïch al-Islam (Armée de l’Islam), financée elle aussi par les capitaux saoudiens – dont l’objectif est le renversement de la République Arabe Syrienne et son remplacement par… quoi ? par un État islamique, mais lequel ? puisque les membres d’al-Jaïch al-Islam prétendent se différencier de ceux de l’État Islamique ? – Mohammad Allouche est né en Syrie. Il a commencé ses études à Damas, les a poursuivies à l’université islamique de Medine (Arabie saoudite) où il a étudié la jurisprudence islamique. Proche de l’idéologie en vigueur en Arabie saoudite, il s’oppose au Parti Baas, au gouvernement syrien mais il ne vit pas en Syrie : étrange tous ces gens qui ne vivent pas dans le pays et qui veulent décider pour le peuple syrien ! Mohamed Aboud est aussi membre du HCN : lui considère la Russie comme une « force d’occupation » en Syrie ! [Tribune de Genève, L’opposition plus divisée que jamais avant Astana, 22 janvier 2017.]

Les opposants craignent que cette réunion au Kazakhstan ne sépare davantage encore les groupes modérés des groupes islamistes qui, parfois, s’affrontent sur le terrain comme à Idlib… D’autres groupes d’opposants, comme Ahrar ach-Cham ont refusé d’être présents à cette conférence.

Ces trois systèmes : esclavagisme, féodalisme, capitalisme s’opposent
à la démocratie (gouvernement du peuple par le peuple pour le peuple)
et au socialisme 

En résumé, derrière un nombre pléthorique de groupuscules qui veulent évincer du pouvoir un président élu, se distinguent deux groupes d’opposant(e)s : les porte-parole des États occidentaux capitalistes-impérialistes-colonialistes, qui ne vivent pas nécessairement en Syrie mais qui veulent imposer au peuple syrien une démocratie bourgeoise ou, plutôt, une oligarchie bourgeoise qui mettrait en place le système capitaliste en faisant appel à des capitaux privés et qui se lancerait dans les affaires en permettant au capitalisme occidental de se réimplanter dans les anciennes colonies du Proche-Orient (ce qui renforcerait la position de l’État sioniste) ; les islamistes, rattachés ou pas à l’ÉI (État Islamique), qui ne vivent pas non plus nécessairement en Syrie : ce sont des mercenaires qui cherchent à imposer au peuple syrien, comme au peuple libyen, comme au peuple irakien, un État islamique féodal.

Les uns et les autres ont une conception politico-économique complètement opposée ; ils s’accordent à lutter plus ou moins ensemble contre l’armée syrienne mais ce contre quoi ils luttent tous, d’abord et avant tout, c’est contre le Parti Baas, contre les peuples, contre les dirigeants qui ont le souci de la population de leur pays et des populations du monde.

Suite : IV. 58 – Bachar al-Ja’afari : il faut « préserver le sang des Syriens et réaliser les aspirations du peuple syrien »

Françoise Petitdemange
31 mai 2017


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