17. De l’hénothéisme au monothéisme dans le monde arabe

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Arabie au VIème siècle – Carte d’Aurélien Loriau

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De l’hénothéisme au monothéisme
dans le monde arabe

Les divinités que les premiers humains ont honorées étaient dans leur environnement visible comme les astres (Terre, Soleil, Lune, Étoiles, etc.), sensible comme l’air, l’eau, le feu, tangible comme le végétal, le minéral, l’animal… Avant qu’ils ne construisent des édifices religieux pour se rassembler (temples, synagogues, églises, mosquées… avec leurs sanctuaires), la nature leur offrait des lieux de recueillement (grottes, roches, vallées, sources…). Pour un Badawi بدوي la voûte céleste ou l’ombre d’un épineux, après une longue marche dans les sables et la rocaille du désert, était peut-être plus propice encore au recueillement que n’importe quel édifice élevé à grands frais… 

Les divinités du Croissant fertile de la Mésopotamie et du monde gréco-romain se retrouvent dans les 360 divinités qui étaient, à l’époque de Muḥammad (Mahomet(VIème-VIIème siècles après J.-C.), à la Kaaba de La Mecque. Parmi ces 360… « Allah – À l’origine, c’est la simple contraction de El Illah : la divinité ; dans les langues sémitiques, le mot évoque l’idée de primauté, de direction. Le “Premier” ou “Le Fort” est présent partout, dans de nombreux sanctuaires, comme dieu local, ou terme générique désignant la divinité, bien avant l’apparition de Muhammad. Il existe aussi une formule plus développée pour le désigner : Al’Lah Um Ma. C’est un dieu honoré pour toutes les tribus, qui le considèrent chaque fois comme spécifique et particulier, familier et quotidien. » [Islam-documents, Panthéon, Hobal, Allah et ses filles, Un petit dictionnaire des 360 dieux de la Jahiliyya, page 9.] Dans cette région où les camélidés sont de prime importance pour la vie d’un Badawi بدوي et de sa famille, pour l’économie du monde arabe, voire pour l’économie du monde (tout court), il y a aussi… « Allat – Il s’agit d’une grande divinité panarabe, protectrice des troupeaux et des caravanes, c’est-à-dire de la vie économique et sociale, équivalent féminin d’Allah (“La Déesse”), vénérée à La Mecque, Palmyre, Hira, Pétra, etc… ; les Grecs et Romains l’assimilent surtout à Athéna. » [Islam-documents, Panthéon, Hobal, Allah et ses filles, Un petit dictionnaire des 360 dieux de la Jahiliyya, page 22.] En 1947, l’assyriologue français, Édouard Dhorme, apportait les précisions suivantes : « Le nom commun aux Sémites pour exprimer « dieu » se trouve déjà sous la forme ’ilah (Éloah), d’où les musulmans ont tiré Allah. Le féminin ’ilat « déesse » existe aussi dans les textes liḥyanites. On retrouve ’il, ’ilah et Lahay chez les Thamoudéens, dont on connaît près de 1.600 graffites. La déesse ’ilat ou lât est fréquemment invoquée. » [Édouard Dhorme, article Les religions arabes préislamiques d’après une publication récente, 1947, page 37.] Et puis, Allah est devenu le dieu unique de l’Islam et des musulman(e)s. Édouard Dhorme devait faire aussi cette remarque : « Parmi les manifestations collectives, qui survivent dans l’Islam, notons le pèlerinage (ajj) et la procession en cercle (awwâf) autour du sanctuaire. Au fond, la pierre noire, Ka‘aba, reste comme le pivot de l’ancienne religion arabe, malgré la révolution produite par Mahomet et sa prédication. » [Édouard Dhorme (1881-1966), article Les religions arabes préislamiques d’après une publication récente, 1947, page 36.]

De par sa proximité géographico-religieuse avec le Mont Sinaï, où Moïse aurait reçu la parole de Dieu et était devenu le Prophète du judaïsme, et avec Jérusalem, où Jésus avait été arrêté, crucifié avant d’être considéré comme le Prophète du christianisme, l’Arabie était marquée culturellement par la présence de tribus juives et de chrétiens nestoriens ou coptes qui pratiquaient le monothéisme, alors que les tribus arabes pratiquaient le polythéisme qui les rassemblait à la Kaaba.

Dans ce contexte, la parole divine, entendue par Muḥammad (né vers 570 à La Mecque  mort en 632 à Médine), transcrite dans le Coran, Livre sacré, sera fondatrice de l’Islam qui va, en tant que monothéisme, prendre une place essentielle dans la culture des populations arabes jusqu’à ce XXIème siècle. En tant que Prophète, Muḥammad sera le rassembleur des Arabes en une communauté, « umma », qui rompra avec l’individualisme des villes.

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Les Badawi, بَدَوِي (habitants du désert), les Bédouins

Françoise Petitdemange
18 décembre 2016


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