Après Charlie, où va l’impérialisme français ?

Les événements que la France a connus en début d’année 2015 avaient permis à quelques langues de se délier avant que ne se produise l’horreur du mois de novembre. Personne ne pouvait encore savoir pour combien de temps cela resterait vrai, mais c’était un fait qu’illustrent tout particulièrement les prises de parole de Claude Bartolone, président de l’Assemblée nationale.

assemblee nationale

Si les propos de Claude Bartolone sont en eux-mêmes très inquiétants, ils ne font qu’exprimer une politique étrangère agressive qui vient, bien sûr, de plus loin, et qui avait déjà établi son socle militaire et guerrier sous Sarkozy

Il n’est pas certain qu’en notre qualité de citoyennes et de citoyens, nous puissions toujours avoir à l’esprit ce fait, pourtant indubitable, que nous appartenons à un pays impérialiste.

À sa façon, Claude Bartolone croyait le moment venu – et compte tenu des émotions publiquement manifestées dans la rue – de nous réapprendre l’impérialisme révolutionnaire en y mettant toute la passion nécessaire.

Pour aboutir à quel genre de catastrophe ? C’est ce que nous sommes en droit de nous demander.

Au temps de Nicolas Sarkozy, l’impérialisme français a frappé avec une violence inouïe la Libye et son guide Muammar Gaddhafi pour le résultat que nous connaissons. À l’occasion, nous avons découvert que nous ne sommes pas des tendres… Car, tout de même, cela s’est fait en notre nom.

Et c’est encore en notre nom que Claude Bartolone, premier personnage de la représentation nationale, s’est permis de déclarer, au titre de ses voeux, le 13 janvier 2015 :
« Des tortionnaires, fanatisés par des marchands de fureur et de haine, ont profondément pollué l’imaginaire de quelques individus et les ont transformés en automates de la mort. »

Il ne parlait évidemment pas de la Libye… Ni de la Syrie… Et pourtant, comme on le constate sans même vouloir pousser à la polémique… et pourtant, ceux qui ont été lancés contre la Libye, et qui le sont encore contre la Syrie… et ceux qui, à Paris…

Tout cela est terrible : nous le comprenons bien.

Mais, il va falloir s’y accoutumer. Ce sera bientôt notre pain quotidien : cette violence à laquelle appelle Claude Bartolone sitôt que des événements terribles lui font glisser un peu la bride sur le cou. Prenons-y garde : parlant des tueurs de Paris, il nous parle, d’abord et avant tout, des responsables politiques qui, avec lui, continuent à manoeuvrer par les bombardements aériens en Irak ou ailleurs :
« Pour eux, la religion était une machine à désigner des cibles, une caution pour nier, justement, tous les commandements de la nature, et en premier lieu celui de ne pas supprimer son semblable. Leurs idées n’étaient pas des idées, leurs valeurs n’étaient pas des valeurs. Être un assassin, être un agent de la sauvagerie et de la barbarie, ce n’est pas suivre une religion. »

Les voilà dénoncés, les Sarkozy et Hollande qui vont pourrir la vie de la France pour une ou deux décennies… si nous les laissons nous pourrir la sensibilité et l’intelligence avec des propos tels que ceux qu’ose tenir le président de l’Assemblée nationale française :
« C’est contre les ennemis du peuple, contre les ennemis de l’amour et de la fraternité que nous sommes en guerre […].« 

La guerre, au nom de « l’amour et de la fraternité » !… Est-ce ainsi que nous allons nous laisser conduire ?

En réalité, monsieur Bartolone tourne son regard non pas contre les ennemis du peuple. Il est lui-même, avec d’autres, un véritable ennemi des peuples en tant que tels. Ces autres sont celles et ceux dont il s’attend à les voir suivre ce qu’exigent les sommets de l’État pour nourrir la série de guerres étrangères qui s’annoncent pour la France après qu’elle aura fini de faire amende honorable en Irak où il paraît qu’elle a commis la grande faute de ne pas figurer dans les bagages de George W. Bush :
« L’Assemblée nationale prendra toutes ses responsabilités et se mettra au travail pour réussir ce grand défi porté à notre arsenal législatif et national. Comme elle vient de montrer que l’unanimité républicaine est possible, en votant, à l’instant, par un consensus de tous les bancs, l’autorisation de la prolongation de l’intervention des forces françaises en Irak. »

Voilà, c’est clairement annoncé. Nous ne pourrons pas dire que nous ne savions pas :
« L’autorité de l’État, c’est la puissance d’une force publique qui ne perd pas le contrôle de ses territoires, qui assure la permanence et la fertilité des services publics partout et tout le temps. Un État fort, un État dont le glaive s’abat naturellement et sévèrement sur les fanatiques de l’effroi. Un État fort en guerre contre la barbarie et le terrorisme, mais aussi un État influent, dont la voix porte en Europe et dans le monde. »

La guerre pour l’influence en Europe et dans le monde : ce sont les voeux 2015 du président de l’Assemblée nationale française !…

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Michel J. Cuny


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