Le monde du travail tel qu’il apparaît sur la console de jeu de la finance internationale

Depuis qu’après l’implosion de l’URSS, les travailleurs des pays capitalistes occidentaux ont abandonné à leurs bourgeoisies respectives, elles-mêmes tenues d’une main ferme par la finance internationale, le terrain conquis grâce aux sacrifices de plusieurs générations de travailleurs et de combattants, de travailleuses et de combattantes soviétiques, l’Organisation internationale du travail n’est plus que la console de jeu des grands intérêts financiers.

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   Faut-il vraiment y reporter l’attention de populations mangées jusqu’à la moelle par le chômage et l’idéologie qui va avec : une vraie mise à genoux devant les propriétaires (financiers) des moyens de production et d’échange ? Propriétaires réels ou potentiels, propriétaires installés d’un côté de la planète, contrôlant du bout des doigts – tant désormais les choses sont pour eux faciles – leurs salariés à l’autre bout de la même planète, en attendant de les tenir, tout aussi facilement, depuis l’espace ou dans la lune ou sur mars.

    N’oublions pas que Voltaire, rien qu’à travers les lettres de change qu’il recevait de Cadix, était l’un des points d’aboutissement financier d’un commerce au beau milieu duquel fleurissaient tous les gestes, toutes les douleurs, tous les crimes, par quoi se réalisaient la saisie des esclaves, leur vente, la traversée de l’océan, l’arrivée en Amérique, etc. Chaque livre investie par le grand homme accompagnait ce circuit, pour revenir à lui sous la forme, par exemple, de deux livres : ni sang, ni odeur. Et voilà qui marchait à la perfection (sauf accident)… Nous la voyons bien, cette livre, transitant de main en main…, et puis s’accroissant bientôt du malheur de tout un peuple, pour revenir grossir la fortune du brave homme… qui doit la trouver bien bonne depuis son Panthéon.

    Alors, l’Organisation internationale du travail… Que peut-elle nous dire aujourd’hui, qui puisse nous aider à gérer nos fortunes à partir, simplement, d’un ordinateur ?

    Elle peut éventuellement nous permettre d’apporter une réponse contemporaine à la question qu’autrefois se posait un certain Karl Marx. C’était dans une lettre qu’il envoyait de Londres le 8 octobre 1858 à un certain Friedrich Engels de Manchester :
    « La tâche propre de la société bourgeoise, c’est l’établissement du marché mondial, du moins dans ses grandes lignes, et d’une production fondée sur cette base. Comme le monde est rond, la colonisation de la Californie et de l’Australie et l’ouverture de la Chine et du Japon semblent parachever cette tâche. La question difficile à résoudre pour nous est la suivante : sur le continent la révolution est imminente et prendra aussi immédiatement un caractère socialiste. Dans ce petit coin, ne va-t-elle pas être nécessairement crushée[écrasée], étant donné que sur un secteur bien plus vaste le movement [mouvement] de la société bourgeoise est encore ascendant ?« 

    Inutile de biaiser : cette question-là est particulièrement pertinente à ce moment précis de l’histoire du monde…

    « Production fondée sur cette base« : le « marché mondial« , ou encore le libre-échange. Ce à quoi le monde arabo-musulman paraît s’opposer, selon ce que montrent les travaux de Nora Méniaoui rapportés dans le billet précédent.

    En face de quoi, il y a la finance internationale qui veille. Est-elle en phase toujours ascendante ? Oui, manifestement. C’en est même écrasant, si nous perdons de vue… la Chine. Et même avec la Chine

    Oui, la position de la finance internationale est bien celle d’une citadelle, mais insaisissable. Tellement éloignée des lieux de production. Et face à une population travailleuse de plus enfumée par tous les moyens audiovisuels tenus par… les marchands d’armes, la fine fleur de la production la plus inféodée aux intérêts financiers. D’une population qui se prend les pieds dans le tapis d’un Internet dont elle ne sait encore que faire, sauf à se donner à elle-même un spectacle terriblement navrant.

    Il y a donc du boulot. Alors, pourquoi ne pas aller demander à l’Organisation internationale du travail quel service elle pourrait rendre à celles et à ceux qui n’ont pas encore abdiqué toute conscience politique ?
(En ce qui concerne Voltaire, la référence permanente est … http://voltairecriminel.canalblog.com)

Michel J. Cuny


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