Il faut donc s’inquiéter de la possible baisse de la domination mondiale exercée par les Etats-Unis. Et tout spécialement de ce que cela peut vouloir dire dans la sphère militaire… En la matière, le Livre blanc retient tout d’abord ce fait que :
« Les dépenses militaires dans le monde, qui avaient nettement baissé dans les années 1990, se sont accrues depuis lors de façon continue. » (page 28) »
Phénomène plus que rassurant, puisqu’il met en avant deux membres éminents de l’OTAN :
« Cet accroissement résulte d’abord des dépenses de l’Amérique du Nord. Les Etats-Unis ont en effet vivement augmenté en 2002 un effort qui a connu, depuis, une croissance plus rapide que leur produit intérieur brut (PIB). Ils sont le principal déterminant de la tendance mondiale à la hausse. Leurs dépenses et, en Europe, celles du Royaume-Uni, ont aussi augmenté significativement en raison de l’effort de guerre en Afghanistan et en Irak. » (page 28)
Comme quoi… la permanence des conflits, etc…
Mais il n’y a pas lieu non plus de s’endormir, insiste le Livre blanc, puisque :
« La Chine poursuit la modernisation de ses équipements, avec de nombreux achats à la Russie (avions de combat, sous-marins) et un accroissement de ses capacités nucléaires et balistiques. Les dépenses de l’Inde ont augmenté au rythme, élevé, de la croissance de son PIB. Il en résulte un développement important des moyens militaires des deux pays et surtout de la Chine. » (page 30)
Dont on voit qu’elle n’est pas tout à fait seule. Et qu’il y a une co-responsable, la Russie, à sa montée sur la scène de la puissance militaire. Elle bénéficie, en quelque sorte, d’une revenante, qui paraît s’extraire quelque peu des contraintes que l’Occident s’était amusé à lui infliger depuis l’implosion de la si détestée URSS :
« Un des changements les plus remarquables par rapport à 1994 est l’évolution des relations entre la Russie et le monde occidental, qu’il s’agisse des Etats-Unis ou de l’Europe.
La politique de rapprochement engagée à la fin de la guerre froide a fait place à une série d’initiatives contraires à cet objectif : utilisation de l’arme énergétique dans les rapports internationaux, tentatives de contrôle des régions ou des pays de « l’étranger proche », remise en cause du traité sur les forces conventionnelles en Europe. » (page 38)
Ce qui n’est pas sans rappeler de très fâcheux souvenirs, même si les dimensions du rapport de force ne sont plus du tout les mêmes, loin s’en faut. Mais, malgré tout :
« Forte de ses capacités économiques liées au prix de l’énergie, la Russie reprend une politique de puissance, qui bénéficie aussi d’un accroissement de ses dépenses militaires. Elle a augmenté l’ampleur de ses exercices militaires, qui se sont déroulés depuis 2007 en mer Baltique, dans l’Atlantique Nord, dans la Méditerranée, et dans l’océan Pacifique. La politique conduite à l’égard de voisins appartenant à l’Union européenne et à l’OTAN, ou qui y posent leur candidature, est plus préoccupante encore. »(page 38)
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Michel J. Cuny