Le passé plus récent de l’Allemagne ne paraissait pas lui-même pouvoir échapper au très douloureux questionnement que le nazisme appelait. Ernst Nolte nous le dit :
« La thèse qui donna lieu aux distorsions les plus passionnées était celle de l’historien Fritz Fischer, de Hambourg, selon qui même le chancelier du Reich de 1914, Théobald von Bethmann-Holweg, dont on avait souvent loué l’amour de la paix et que l’on considérait comme une « figure tragique », avait en réalité été très proche des impérialistes pangermanistes et que, tout bien considéré, on devait attribuer à l’élite dirigeante du Reich allemand la responsabilité principale, pour ne pas dire l’unique responsabilité, dans le déclenchement de la Première Guerre mondiale. Bethmann-Holweg, par conséquent, avait les traits d’un Hitler inachevé, et les deux Guerres mondiales apparaissaient comme des étapes logiques dans une histoire nationale marquée par la faute et la culpabilité. » (page 16)
Théobald von Bethmann-Holweg
Et voici l’axe de recherche dont enfin Ernst Nolte a réussi à s’affranchir pour son plus grand bonheur et pour celui, peut-être, de l’Allemagne de demain :
« […] ce n’est pas par le biais de Bismarck et de Bethmann-Holweg que j’ai cherché à m’ouvrir la compréhension de Hitler et du national-socialisme, mais par celui de Mussolini – et de Charles Maurras. » (page 16)
Arrivés à la case « Maurras », nous pouvons effectuer, avec Nolte, une très jolie pirouette qui ne requiert pas la moindre explication, paraît-il :
« Les sensations premières et fondamentales de Hitler comme de Maurras n’étaient pas, à mes yeux, la « haine » mais la « peur », et je ne concevais pas cette peur comme une velléité individuelle mais bien comme le caractère de toute une époque. » (page 18)
Peur planétaire, peut-être… Mais de quoi?
Suite : Le mot plutôt que la chose, ou comment se construit un discours historique pervers
Michel J. Cuny