IV. 126 – « Est-ce que cette communauté internationale, que vous représentez, a adoubé cette agression tripartite sur mon pays ? »

IV. 126 – « Est-ce que cette communauté internationale,
que vous représentez,
a adoubé cette agression tripartite sur mon pays ? »

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Intervention de la République Arabe Syrienne,
ONU, Samedi 14 avril 2018

Le représentant permanent de la Syrie auprès de l’ONU (Organisation des Nations Unies), Bachar Al-Jaafari, dont le pays a été bombardé par le trio dictatorial (États-Unis, Grande-Bretagne, France) dans la nuit du vendredi 13 au samedi 14, fait, dans les heures suivantes, une intervention primordiale au Conseil de sécurité.

Il démontre, point après point, comment les États de ce trio se comportent à l’égard des textes fondateurs, du Conseil de sécurité, et des 193 pays membres de l’Organisation, comment ils agissent en totale contradiction avec ces textes, semant la désolation et la mort dans les pays qu’ils veulent replacer sous leur joug.

Il est clair, net et précis que les représentant(e)s de ce trio à l’ONU (Nikki Haley pour les États-Unis, Karen Pierce pour la Grande-Bretagne, François Delattre pour la France) n’ayant aucune culture – pas même celle de la diplomatie –, ne connaissent que le rapport de forces : à défaut de savoir parler, ils laissent leurs supérieurs hiérarchiques envoyer des bombes sur les populations civiles qu’ils prétendent protéger, épargner, secourir, etc. Voici donc la déclaration syrienne de Bachar Al-Jaafari dans toute sa vérité.

1. « la guerre froide est de retour »

« Je me félicite de la présence du secrétaire général [António Guterres] en ces moments très importants de l’histoire et du Conseil de sécurité.

Le secrétaire général, dans son allocution d’hier, a mentionné que la guerre froide était de retour. C’est exact. Nous sommes tous d’accord avec l’exactitude de ses propos.

Il convient de se rappeler, en cette occasion, ceux qui ont relancé la philosophie de la guerre froide. Évidemment, nous nous souvenons tous qu’à la suite de l’effondrement de l’ex-URSS, des livres, d’une personne nommée Francis Fukuyama, ont été publiés dans ce pays : l’auteur de “La fin de l’histoire” ; un autre auteur, un penseur américain, Samuel Huntington, a fait état du “Conflit des civilisations”, pour sa part. Ces deux livres ont fondé le retour de la philosophie de la guerre froide. En effet, le contenu de ces deux ouvrages était le suivant : aux peuples du monde, suivez la voie des États-Unis, soumettez-vous à la volonté des États-Unis ou alors nous vous agresserons. « my way or the highway » comme on dit aux États-Unis d’Amérique. [« Mon chemin ou l’autoroute » : il s’agit d’un ultimatum états-unien des années 1970 qui pourrait se traduire par la formule : « C’est à prendre ou à laisser. » Autrement dit : “Tu te plies à mes desiderata ou tu subis les conséquences.”] Cela a donc marqué le retour de la philosophie de la guerre froide.

2. « Le mensonge ne sert à rien, mesdames et messieurs »

Le mensonge ne sert à rien, mesdames et messieurs, le mensonge ne sert à rien. Il sert à celui qui profère le mensonge une fois et une seule. Lorsque le mensonge se répète, il ne fait que mettre en lumière que son auteur est un menteur. Mon collègue, le distingué représentant de la France [François Delattre], a annoncé que l’agression de son pays aux côtés des États-Unis et du Royaume-Uni, s’est faite au nom de la communauté internationale.

Et je m’interroge, dès lors, de quelle communauté internationale parle-t-il ? Est-ce qu’il parle d’une communauté internationale qui existe ? d’une communauté internationale réelle ? Est-ce que cette communauté internationale, que vous représentez, a adoubé cette agression tripartite sur mon pays ? Les gouvernements de ces trois pays, ont-ils reçu mandat de ce Conseil de sécurité pour agresser mon pays ?

3. « pourquoi n’ont-ils pas partagé ces informations
avec l’OIAC ? »

Mes homologues français, américaine et britannique [François Delattre, Nikki Haley, Karen Pierce] ont prétendu qu’ils avaient bombardé des centres de production de matières chimiques en Syrie. Si les gouvernements de ces trois pays connaissaient les positions de ces centres de production qu’ils prétendent avoir bombardés, pourquoi n’ont-ils pas partagé ces informations avec l’OIAC [Organisation pour l’Interdiction des Armes Chimiques] ? pourquoi n’ont-ils pas partagé ces informations avec le groupe et la commission d’enquête présents à Damas, avant d’agresser mon pays ? Voilà une question.

D’ailleurs, à l’occasion, je voudrais vous assurer tous de l’arrivée d’un groupe d’experts, d’investigateurs, de l’OIAC. Ils sont arrivés à Damas à la mi-journée. Évidemment, l’équipe en question n’a pas pu passer de Beyrouth à Damas pour des raisons que nous ne connaissons pas, juste avant l’agression, comme si l’on avait essayé d’entraver l’entrée de cette équipe d’investigateurs et d’enquêteurs à Damas, en attendant que l’agression se passe. Toujours est-il que la délégation est arrivée à Damas, à la mi-journée, et elle organisera une réunion dans deux heures, à 7 heures, 19 heures (heure de Damas), avec les autorités syriennes. Mon gouvernement apportera tout son appui à cette délégation pour qu’elle puisse mener à bien sa mission.

Le bâtiment du centre de recherche de Barzat, qui a été visé par cette agression tripartite, ce bâtiment avait été visité à deux reprises l’an dernier par des experts de l’OIAC, ce bâtiment a été inspecté. Cette inspection a été sanctionnée par un document officiel stipulant que la Syrie a respecté ses engagements vis-à-vis de l’OIAC et qu’il n’y avait aucune activité chimique de tenue dans ce bâtiment. Bon ! Alors, si les experts de l’OIAC nous ont remis un document officiel, l’année dernière, faisant état de la non utilisation de ce centre, le centre de Barzat, pour quelqu’activité chimique en contravention avec nos obligations, dans le cadre de l’OIAC, comment concilier cela avec ce que nous avons entendu, ce matin, de toutes ces accusations que cette agression a pris pour cible un centre de production de produits chimiques ?

4 – « La collègue américaine a dit :
“Fini le temps des discussions. Le temps des discussions s’est terminé hier.” »

La collègue américaine [Nikki Haley] a dit : « Fini le temps des discussions. Le temps des discussions s’est terminé hier. » Mais alors, que faisons-nous, en tant que diplomates, dans ce Conseil de sécurité ? Notre mission est de parler, notre mission est d’expliciter ce qui se passe, de mettre en lumière toutes les questions. Non ! Nous ne pouvons pas venir au Conseil de sécurité pour justifier une agression contre tel ou tel État. Comment pouvons-nous parler de la fin des discussions ? Non ! Au Conseil de sécurité, les discussions se poursuivent entre diplomates, si le but des discussions était de mettre un terme aux agressions, si l’objectif était de mettre en œuvre les dispositions de la Charte des Nations Unies, du droit international.

Les collègues britannique et français [Karen Pierce et François Delattre] ont parlé d’un plan d’action et ont invité le secrétaire général à le mettre en œuvre avant que le Conseil et le gouvernement syrien ne s’accordent sur ce plan d’action. Ce plan d’action est extraordinaire ! Il est très étrange… Et, permettez-moi de vous présenter un contre-plan d’action. Nous, nous présumons que c’est, là, le plan d’action qui aurait dû être présenté aujourd’hui :

D’abord, lire les dispositions de la Charte des Nations Unies. Définir et réaliser les responsabilités de ces trois États dans le maintien de la paix et de la sécurité, et non pas de menacer la paix et la sécurité, et de les saper.

5. « J’ai apporté trois exemplaires de la Charte : deux en anglais, un en français,
peut-être conviendrait-il que ces trois États relisent
ce que contient la Charte. »

J’ai apporté trois exemplaires de la Charte, deux en anglais, un en français. Peut-être conviendrait-il que ces trois États [États-Unis, Grande-Bretagne, France] relisent ce que contient la Charte. Deuxièmement, il est nécessaire que ces États cessent immédiatement d’apporter leur soutien aux groupes terroristes armés qui agissent dans mon pays. Immédiatement ! Troisièmement, mettre un terme aux mensonges et à la fabrication de faits pour justifier cette agression continue contre mon pays. Quatrièmement, ces trois États doivent réaliser qu’après sept ans d’une guerre terroriste imposée à mon pays, une guerre menée par ces trois pays et leurs agents dans la région, leurs barges, leurs missiles, leurs avions n’atteindront pas notre volonté, ni notre volonté de mettre un terme et de détruire votre terrorisme.

Cela n’empêchera pas le peuple syrien de réaliser son avenir politique par lui-même. Sans aucune intervention. Et je répète cela pour la millième fois. Nous ne permettrons à aucun intervenant étranger de dessiner notre avenir. Je vous avais promis, hier, que nous ne resterions pas les bras ballants face à quelqu’agression que ce soit et nous avons tenu promesse. Et je m’en vais vous expliquer comment nous avons tenu promesse.

Et permettez-moi, à présent, de m’adresser aux États qui sont attachés au droit international pour leur dire que la République Arabe Syrienne, ses amis, ses alliés, et ils sont nombreux, sont tout à fait à même de faire face à l’agression brutale qui a visé mon pays. Ce que nous vous demandons, ce matin, à vous diplomates, ambassadeurs, ceux qui sont attachés à la légitimité internationale, à la Charte, est d’appeler les États-Unis d’Amérique, la Grande-Bretagne et la France, à lire les dispositions de la Charte des Nations Unies, notamment ce qui a trait au respect de la souveraineté des États et de ne pas recourir à la force dans les relations internationales. Peut-être les gouvernements de ces trois pays réaliseront, ne serait-ce qu’une fois, que leur rôle au sein de ce Conseil est de maintenir la paix et la sécurité internationales, non pas de les saper.

6. « Je demande au secrétariat de les distribuer aux trois délégations
qu’elles puissent se cultiver
dans leur ignorance et leur tyrannie. »

Tout comme je viens de vous le dire, j’ai trois exemplaires de la Charte. Je demande au secrétariat de les distribuer aux trois délégations qu’elles puissent se cultiver dans leur ignorance et leur tyrannie.

Monsieur le président, en violation flagrante des principes du droit international et de la Charte des Nations Unies, les États-Unis d’Amérique, la Grande-Bretagne et la France ont, à 3 heures 55 du matin, ce samedi 14 avril 2018, donc 3 heures 55 du matin (heure de Damas), ont mené une agression très très flagrante, contre la République Arabe Syrienne, qui a donné lieu à 110 missiles, en direction du territoire de la République Arabe Syrienne, à Damas et dans d’autres villes et régions du pays : 110 missiles. En réponse à cette agression épouvantable, la République Arabe Syrienne a mis en œuvre son droit légitime, en vertu de l’article 51 de la Charte, s’est donc défendue pour repousser cette agression abjecte. Les systèmes de défense aériens syriens ont pu détourner de nombreux missiles même si certains sont parvenus à toucher le centre de recherche à Damas, non pas à l’extérieur de Damas, à Damas ! Il s’agit, là, d’un centre qui comprend des laboratoires et des salles de classe. Les dégâts sont matériels, Dieu merci. Certains de ces missiles modernes, charmants, intelligents, ont été déviés. Ceux qui visaient une installation militaire près de Homs… trois civils ont été blessés à la suite » [ont blessé trois civils]»

[ONU (Organisation des Nations Unies), Intervention du représentant permanent de la RAS (République Arabe Syrienne) à l’ONU, Bachar Al-Jaafari. Samedi 14 avril 2018. Note FP : La transcription et les captures d’écran sont de mon fait ; les précisions et les mots barrés et remplacés par d’autres, entre crochets, sont aussi de mon fait. Remerciements à la personne qui a effectué la traduction simultanée de l’intervention. Vidéo RT (Russia Today, La Russie convoque une réunion d’urgence du Conseil de sécurité de l’ONU, 14 avril 2018.]

https://francais.rt.com/international/49830-russie-convoque-reunion-urgence-conseil

Suite : IV. 127 – À propos de l’ONU, la Syrie aux pays agresseurs : « Vous cherchez à faire échouer quelqu’action de cette Organisation qui ne sert pas vos intérêts. »

Françoise Petitdemange
24 avril 2018


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