Le Palais de l’Élysée, 17 décembre 2017
IV. 95 – En Syrie, le président Macron a un projet…
« l’extermination de Daesh avant… »
Le président français, Emmanuel Macron, devait accorder un entretien exclusif à Laurent Delahousse pour France 2, le 17 décembre 2017.
L’un des deux bureaux du président Macron à l’Élysée,
17 décembre 2017
Après avoir présenté les lieux, en l’occurrence son bureau à l’Élysée, le président Macron évoque la lutte contre le terrorisme en Afrique :
« Ce qu’il faut comprendre, c’est que tout se tient. Tout se tient. On ne peut pas lutter efficacement contre le terrorisme et protéger nos concitoyens si on n’a pas une action efficace avec le Sahel. Je suis déjà allé deux fois, justement, au Mali. Je retournerai pour la fin de l’année au Niger. J’y suis très présent parce que c’est là que se joue une part de notre bataille contre le terrorisme. »
Donc, une fois la lutte terminée contre le terrorisme, la France se retirera du Sahel. À suivre…
« La Syrie où j’ai déployé beaucoup d’énergie »
Évoquant ensuite les pays arabes :
« La Syrie, où j’ai déployé beaucoup d’énergie pour qu’on revienne dans le jeu diplomatique. La crise au Liban où… Et donc tout ça, vous comprenez que c’est un agenda, ou de construction de la paix ou de lutte contre le terrorisme, qui est essentiel pour nos concitoyens ici. »
Là aussi, lorsque la lutte contre le terrorisme y sera terminée – ce qui ne saurait tarder –, la France se retirera de la Syrie. À suivre…
Depuis mars 2011, les bombardements de l’OTAN ont mis la Libye à feu et à sang : les vrais massacres à la bombe des armées occidentalo-golfico-sionistes ont empêché de faux massacres du peuple par son prétendu « dictateur ». Après l’assassinat du Guide révolutionnaire Muammar Gaddhafi, la création des États-Unis d’Afrique, qui était en cours et qui aurait retenu les populations africaines sur le continent, a été court-circuitée.
Depuis la mort du Guide libyen, de nombreuses familles africaines passent la Méditerranée. Le président Macron ne peut l’ignorer :
« Travailler pour une nouvelle relation avec l’Afrique, c’est indispensable pour éviter des migrations subies qui, sinon, bousculeront le pays. »
À condition sans doute de ne pas s’ingérer dans les affaires intérieures des pays concernés… Or, la prise en mains des peuples africains par eux-mêmes, ainsi qu’il était prévu dans la Charte de l’Union Africaine, n’est plus qu’un souvenir. Parce qu’aussi certains chefs d’États africains sont repartis dans les travers de la collaboration avec les anciens colonisateurs.
Une autre tâche attend le président Emmanuel Macron :
« Et travailler pour le climat, mais c’est travailler pour notre quotidien parce que c’est une urgence en même temps qu’une responsabilité. »
Le journaliste, Laurent Delahousse ajoute étrangement…
« Et aussi, peut-être pour les guerres à venir, pour effectivement des exodes plus importants. On devrait y revenir dans un instant. »
« je le fais toujours avec une obsession ;
l’intérêt de la France et ses valeurs »
Mais déjà, le président Macron enchaîne sur ce qu’il appelle son « obsession » :
« Tout se tient. Si vous voulez, l’Europe, quand le président de la république agit sur la scène européenne ou internationale, moi, je l’ai dit et je l’ai présenté fin août : je le fais toujours avec une obsession : l’intérêt de la France et ses valeurs. Il faut faire les deux ensemble. Et notre intérêt, c’est la sécurité de nos concitoyens, lutter contre le terrorisme, construire la paix et défendre nos intérêts à long terme comme le climat. »
Dans « l’intérêt », il y a la défense des « valeurs » lesquelles ? La « sécurité »… en armant des groupes terroristes ? La « paix »… en renforçant l’armée française pour faire la guerre ? Défendre son pays quand il est attaqué par les bombes, cela se comprend, mais attaquer les autres pays, c’est toute autre chose. Quant à la défense de « nos intérêts à long terme comme le climat », aurait-elle un lien, ainsi qu’il est suggéré, ici, par le journaliste, avec « les guerres à venir » ?
Laurent Delahousse revient sur la question de la Syrie et sur ce qui préoccupe les chefs des États qui lui font la guerre :
« Vous parliez du G5, du terrorisme, de la Syrie. Juste une question. Bachar El Assad est toujours en place. »
Pour le successeur de François Hollande affublé d’un Laurent Fabius, ministre des Affaires Étrangères, qui ne jurait que par la mort du président Bachar El Assad, force est de reconnaître que Bachar El Assad…
« Oui. » Il est toujours là.
Le journaliste au président : « Est-ce que votre position sur ce plan-là a changé ? Est-ce qu’il est un homme avec qui on doit dialoguer ? »
Le président Macron : « D’abord, ma position, elle a changé le jour où j’ai été élu par rapport à ce qui était fait avant. On avait, depuis sept ans, décidé qu’on ne pouvait plus parler à Bachar El Assad, après avoir été très amis avec lui. J’ai souhaité coopérer avec d’autres puissances parce que, moi j’ai dit : la priorité, c’est l’extermination de Daesh avant Bachar. »
Ainsi, juste au moment où les Français et Françaises peuvent penser que le président Macron va rompre avec la politique agressive de ses prédécesseurs, le président Macron laisse tomber la terrible formule… « l’extermination de Daesh avant Bachar ».
C’est dit.
« l’extermination de Daesh avant Bachar »
[France 2 TV, L’entretien avec le président de la république, 17 décembre 2017. Propos recueillis par Laurent Delahousse. Note FP : La retranscription à partir d’une vidéo est de mon fait.]
Suite : IV. 96 – La France de Macron en Syrie… Pour quoi y faire ?
Françoise Petitdemange
17 février 2018
« L’extermination de Daesh avant Bachar »: je ne peux comprendre ainsi, car ça été l’hiatus de Macron. C’est bien l’extermination de Bachar avant Daesh qu’il a voulu dire et sa langue s’est trompée.
La France ne veut plus de Bachar voilà des décennies sauvez par Poutine du faux printemps arabes.
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À B. Dagrou, Merci pour votre commentaire.
Analysant la prise de parole du président français, je m’en suis tenue à son texte. Dans la mesure où il prétend que son ennemi, c’est Daesh, il ne pouvait pas mettre l’extermination de ce groupe armé en seconde position dans sa phrase.
Vous écrivez : « La France ne veut plus de Bachar… » Elle n’a jamais accepté la politique d’Hafez El Assad, père de Bachar, qui a mis fin à la série de coups d’État qui secouaient la Syrie et l’empêchaient de se développer.
Au début des années 2000, les États occidentaux, parmi lesquels se trouvait la France, ont multiplié les appels en direction du Président Bachar El Assad qui avait entrouvert les portes du pays aux capitaux de leurs entreprises. Mais, ayant vu très rapidement les conséquences de cette initiative sur la population syrienne la plus modeste, le président El Assad et le gouvernement syrien devaient décider de tourner le dos au capitalisme échevelé et de revenir vers un système plus socialiste.
Confronté à ce revirement, les États occidentaux ont préparé la guerre contre la Syrie (2011-2018) afin d’ouvrir, par la force des bombes, les portes du pays à leurs multinationales. Mais la Russie, l’Iran et le Hezbollah libanais, en apportant leur soutien à l’armée syrienne contre Daesh et la coalition occidentalo-golfico-sioniste, permettent aux instances politiques de reprendre le contrôle du pays. Si ce contrôle s’avère durable, la reconstruction de la Syrie assurera une relance économique dans les pays y participant : bien évidemment, les multinationales des États agresseurs seront écartées des contrats au profit des États comme la Russie, l’Iran, la Chine… Affaire à suivre…
Bien cordialement à vous,
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