IV. 5 – Un matamore à la tribune de l’ONU

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IV. 5 – Un matamore à la tribune de l’ONU

La phrase indigne de l’un de ses ministres, Laurent Fabius, qui, le 17 août 2012, avait déclaré : « [J]e suis conscient de la force de ce que je suis en train de dire : monsieur Bachar El Assad ne mériterait pas d’être sur la terre », résonnait, en ce temps de guerre contre la Syrie, comme un appel au meurtre sur la personne du président élu et réélu de la République Arabe Syrienne, Bachar El Assad. [Vidéo Youtube, France 2, Fabius : « J’ai vu des témoignages bouleversants, Bashar ne mériterait pas d’être sur la terre », 17 août 2012.] Un ministre des Affaires étrangères, ne doit-il pas à la France, sinon à sa dignité d’homme, d’user de toute la diplomatie nécessaire pour apaiser les relations en temps de guerre civile ? ne doit-il pas réserver son avis sur les personnes lorsqu’il s’agit d’une guerre civile dans un pays étranger ?

Or, François Hollande renchérissait, le 26 septembre 2012, à la tribune de l’ONU : « J’ai une certitude : le régime syrien ne retrouvera jamais sa place dans le concert des nations. Il n’a pas d’avenir parmi nous. C’est pourquoi j’ai pris la décision au nom de la France de reconnaître le gouvernement provisoire, représentatif de la nouvelle Syrie, dès lors qu’il sera formé. Ce gouvernement devra lui-même donner des garanties pour que chaque communauté en Syrie soit respectée et puisse vivre en sécurité dans leur pays. » [Site de l’Élysée, 25 septembre 2012, 67ème assemblée générale des Nations Unies. Lorsqu’il y a une différence entre la déclaration orale de François Hollande et le discours repris sur le site de l’Élysée, c’est la déclaration orale qui a été préférée pour les citations.] Le « gouvernement provisoire » ?… constitué par qui ? Le président de la prétendue république française décide tout seul de reconnaître un gouvernement qui n’est pas encore formé – dont la plupart des membres sont des exilés de longue date ou/et de provenance hétérogène –, qui se trouve en pays étranger (Turquie, France, Qatar…) et qui ne peut donc être représentatif du peuple syrien. Quant à la « nouvelle Syrie », le président français serait sans doute bien en peine d’en définir les contours géographiques et politiques au moment où il parle…

Lors d’une conférence de presse, le 13 novembre 2012, le même François Hollande enfonçait le clou : « Je considère que ce qui vient de se produire à Doha est très important. Une coalition s’est formée. J’annonce ici que la France reconnaît la Coalition nationale syrienne comme la seule représentante du peuple syrien et donc comme le futur gouvernement provisoire de la Syrie démocratique, permettant d’en terminer avec le régime de Bachar El Assad. » [Conférence de presse du Président de la république, mardi 13 novembre 2012.] À ce moment-là, le président français, qui ne voulait plus du président élu, Bachar El Assad, à la tête de la République Arabe Syrienne, était loin de se douter que, quatre ans plus tard, la population française ne voudrait plus de lui et qu’il ne pourrait pas même se risquer à se présenter à des élections pour un second mandat.

À travers les propos de François Hollande, il est possible de voir à quel point le Conseil de sécurité est la chose des États-Unis, de la Grande-Bretagne et de la France… Mais en pleine guerre civile doublée d’une guerre coloniale, en Syrie, la Russie en décide autrement et marque un coup d’arrêt au rapport de forces des trois puissances guerrières : « Il n’y aura d’intervention que si le Conseil de sécurité en décide. Aujourd’hui, il n’est pas dans cette disposition d’esprit, dès lors que notamment la Russie s’y oppose. Donc nous agirons différemment au nom de principes de protection de la population civile. Partout où des zones libérées ont pu être constituées, et seront sous l’autorité de ce gouvernement, elles devront être protégées. » [Idem.] Comme Nicolas Sarkozy, pour la Libye, François Hollande, pour la Syrie, balance les mêmes mensonges à la presse et, donc, à la population française. La population libyenne civile en sait quelque chose de la protection offerte par les chefs d’États de la France, de la Grande-Bretagne, des États-Unis, du Qatar, derrière lesquels se dissimule l’État sioniste, par les droits de l’homme, et par les bombes de l’OTAN

Quant aux livraisons d’armes, François Hollande fait l’autruche. La tête dans le sable, il ne veut pas voir l’évidence… L’Armée syrienne dite libre et les divers fronts islamiques ne font pas la guerre à l’Armée régulière de la République Arabe Syrienne, avec des lance-boulettes… Leurs armes viennent bien de quelque part… « Sur la question des livraisons d’armes, la France n’y était pas favorable dès lors qu’elle n’était pas sûre que ces armes arriveraient là où elles étaient nécessaires et souhaitables. Avec la Coalition, dès lors que ce serait un gouvernement légitime de la Syrie, cette question sera nécessairement reposée, pas simplement à la France, à tous les pays qui reconnaîtront ce gouvernement. » Donc ! Aux yeux du grand démocrate monsieur Hollande, issu du parti socialiste, seul compte un gouvernement bricolé par une cohorte d’exilé(e)s, syriens ou pas, appuyée par quelques États étrangers, et qu’il appelle « gouvernement légitime » ? Ce critère de légitimité, qui, dans son acception française vient tout droit d’une monarchie de droit divin, permet tous les coups d’État possibles contre un autre pays souverain. Quant à la légalité des élections populaires qui ont désigné Bachar El Assad comme président de cette République Arabe Syrienne, et à la légalité du gouvernement de Syrie… monsieur Hollande, comme tous ses congénères, n’en a que faire… À suivre…

Suite : IV. 6 – Les chercheurs de places du CNS (Conseil national syrien)

Françoise Petitdemange
27 décembre 2016


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