Axel Poniatowski, rapporteur (UMP) de la Commission d’enquête sur les conditions de libération des infirmières et du médecin bulgares détenus en Libye, achève son propos introductif sur cette très longue phrase :
« Il ressort du travail mené par la commission d’enquête que l’analyse de cette affaire ne pouvait résulter que d’une compréhension claire de l’interaction entre différents facteurs : d’une part, les événements qui ponctuent l’histoire extérieure de la Libye depuis une vingtaine d’années et qui l’ont menée du statut « d’État voyou » à celui « d’État responsable » chargé depuis le 1er janvier 2008 de la présidence du Conseil de sécurité des Nations Unies, d’autre part, les interventions et les objectifs des principaux acteurs de politique étrangère que furent, sur ce dossier, l’Union européenne, certains pays européens et la France, et enfin, les considérations de la politique intérieure libyenne. »
J’en souligne les éléments les plus significatifs.
Comme chacun sait, le Conseil de sécurité de l’ONU rassemble 15 pays, dont les 5 membres permanents (Chine, États-Unis, France, Grande-Bretagne, Russie) auxquels s’ajoutent 10 membres élus pour deux ans par l’Assemblée générale.
La Libye de Muammar Gaddhafi a, par deux fois, obtenu d’être élue membre du Conseil de sécurité : d’abord pour la période 1976-1977, puis pour 2007-2008, c’est-à-dire à la fois avant d’être réputée « État voyou » et après l’avoir été. Redisons qu’avant comme après, il s’agissait du résultat d’un vote de l’Assemblée générale. Comme le prévoient les statuts de l’ONU, cette promotion, remarquable pour un tel pays, lui avait permis d’accéder à la présidence tournante du Conseil de sécurité, puisque celle-ci est tenue, à tour de rôle et pendant un mois, par chacun des 15 pays alors membres de ce Conseil.
« État voyou » ?… Sur quels critères ?… Les U.S.A., coupables de tant d’attaques armées contre toutes sortes de pays ont-ils jamais été qualifiés par l’ONU d’ « État voyou » ?
Nous ne doutons pas un instant de la longanimité du rapporteur en présence d’un cas aussi intéressant que cette Libye des lendemains de la révolution de 1969… un pays arraché, par ses propres moyens, à la colonisation occidentale.
Mais le premier sous-titre nous étonne tout d’abord :
« 1 – Une détresse humaine, une injustice intolérable. »
Se pourrait-il vraiment que Muammar Gaddhafi et son petit pays aient pu être, un jour quelconque, en proie à une véritable détresse humaine résultant d’une injustice intolérable infligée par les anciennes puissances coloniales : l’Italie, la France, la Grande-Bretagne, mais surtout les gentils États-Unis ?…
Ah que nenni !
Voici enfin la meilleure tirade de notre Axel-Rodrigue :
« « Pendant trois ans, je mourais toutes les heures à cause d’une accusation injuste. » C’est par ces mots terribles que le docteur Ashraf Al Hajuj a décrit ce qu’il a enduré lorsqu’il s’est trouvé, de 2004 à 2007, sous le coup d’une condamnation à mort abusive, accusé d’avoir sciemment inoculé le virus du sida à des enfants libyens soignés à l’hôpital de Benghazi. »
Et voilà qui nous met sur les fesses ! Qu’est-ce que c’est que cette affaire d’enfants libyens ?… Première nouvelle, vraiment nouvelle, depuis le début de ce rapport : nous abordons la cinquième page A4, et c’est seulement maintenant qu’on nous le dit.
Oh, certes, de ces enfants nous nous en fichons comme c’est pas possible. Regardez donc ce pauvre médecin qui souffre, lui… Satané Kadhafi !…
Mais effectivement, cette mise en scène nous va décidément à ravir !… L’enchaînement est d’une clarté incontestable : nous connaissons la principale victime, et nous tenons déjà le coupable.
(référence permanente à propos de la Libye de Muammar Gaddhafi :
http://www.francoisepetitdemange.sitew.fr)
Michel J. Cuny
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