Par-delà l’opération Charlie, les vastes horizons de la conquête du Sud…

Comme je l’ai montré ailleurs en tirant la leçon des écrits de David Ricardo – dont il faut dire qu’ils constituent le fondement essentiel des travaux de Karl Marx en économie -, c’est la quantité de travail incluse dans une marchandise qui en règle la valeur économique. Celle-ci est, par ailleurs, sous-jacente au prix de marché, qui répond, lui, selon le lieu et le moment, aux fluctuations de l’offre et de la demande.

Comme je l’ai également écrit : le prix de marché n’est que l’écume ; il ne peut exister que sur la base du flot de la valeur économique, et donc sur celle des quantités de travail.

En mode capitaliste de production, le travail se met en oeuvre pour autant qu’il existe des humains qui ne disposent pas de leurs propres moyens de production : il doivent vendre une partie de leur temps de vie contre un salaire. C’est de ce morceau de temps de vie vendu à autrui qu’ils retirent le droit d’obtenir les moyens de subsistance qui leur sont nécessaires ainsi qu’à leur famille. Les nécessités de l’exploitation font que cette rémunération doit être maintenue au plus bas.

Jusqu’à présent le système capitaliste a toujours su trouver, dans ses marges extérieures progressivement déplacées, des humains dont il obtient le temps de travail au plus bas : celui qui ne fait que garantir leur survie… à l’équilibre. Quand l’équilibre se rompt par en bas, c’est la famine, la maladie ou la mort.

Comme on le voit, le profit maximum au niveau mondial est atteint lorsque toutes les rémunérations des travailleurs affectés à la production capitaliste sont au plus bas, et éventuellement jusqu’à ne plus assurer que le pain et l’eau dans les marges.

Pour ce qui concerne la France, il y a une formule pour dire tout cela : les restos du coeur.

Ceci ayant été nettement posé, tournons-nous vers la situation mondiale actuelle du travail, en ouvrant le rapport de l’Organisation internationale du travail (O.I.T.) : « Tendances mondiales de l’emploi 2011« 

Arrêtons-nous sur ce paragraphe :
« L’indicateur « emploi vulnérable », défini comme représentant le total des travailleurs pour leur propre compte et des travailleurs familiaux non rémunérés, donne de précieuses indications sur les tendances de qualité générale de l’emploi. » (pages 22-23)

Nous sommes ici en dehors de la sphère de l’exploitation capitaliste directe : ces gens-là ne sont pas des salariés… Mais nous n’allons pas tarder à comprendre qu’indirectement ils en font partie, puisqu’ils en sont une pièce essentielle et absolument nécessaire.

Considérons d’abord quelques éléments quantitatifs :
« Sur la base des données disponibles, on estime actuellement à 1,53 milliard le nombre de travailleurs en situation d’emploi vulnérable en 2009, soit une augmentation de plus de 146 millions depuis 1999 ; ce qui correspond à un taux mondial d’emploi vulnérable de 50,1 pour cent […]. » (page 23)

Rafale

Les travailleurs potentiels promis au mode capitaliste de production constituent tout juste la moitié de l’ensemble des personnes en situation de travailler dans le monde… Hourrah ! Si les peuples se laissent faire, la finance internationale, les bourgeoises plus ou moins nationales et leurs alliées, les couches moyennes, ont encore de beaux jours devant elles…

Allons un peu plus loin avec l’O.I.T. :
« […] en 2009, un travailleur sur cinq dans le monde vivait avec sa famille dans l’extrême pauvreté sous le seuil de 1,25 dollar EU par personne par jour; soit une baisse considérable par rapport à la décennie antérieure, mais avec un aplatissement notable de la pente de la courbe de la pauvreté au travail à partir de 2007. » (page 25)

Comme on le voit, du point de vue du mode de vie occidental, ces gens-là sont tout ce qu’il y a de plus frugaux… De sorte que la moindre petite augmentation dans les quantités de soupe qu’ils peuvent s’offrir suffit à produire dans leur nombre… une « baisse considérable par rapport à la décennie antérieure« . Mais ce n’est encore que de la soupe…

La preuve :
« Sur un total de près de 1,2 milliard de travailleurs dans le monde, on estime que près de 39 pour cent vivent avec leurs familles sous le seuil de pauvreté à 2 dollars EU par jour. Ici encore, on a observé un aplatissement de la pente de la courbe de l’incidence de la pauvreté à 2 dollars EU. » (page 25)

C’est que nous atteignons la super-soupe !…

Mais, à cette allure-là, les restos du coeur, c’est pour dans deux mille ans, n’est-ce pas ?…

NB. Pour atteindre les différents livres actuellement disponibles de Michel J. Cuny – Françoise Petitdemange, vous pouvez cliquer ici.

Michel J. Cuny


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