Laissons le Sénat nous en dire plus dès le début du Rapport sur la sécurité des approvisionnements stratégiques de la France que nous devons à sa Commission des affaires économiques :
« Le livre blanc sur la défense et la sécurité nationale, publié au mois de juin 2008, évoque : « La croissance économique des nouvelles puissances [qui] va de pair avec celle de la consommation d’énergie, ainsi qu’un besoin accru en ressources naturelles et en matières premières stratégiques » et mentionne les deux types de désordre qui en découlent : « les atteintes à la biosphère, dont le réchauffement climatique » et « la tension accrue sur les approvisionnements stratégiques, dont l’énergie ». Il constate que : « La surexploitation des ressources naturelles est susceptible de relancer à l’échelle mondiale des tensions, inconnues jusqu’à présent à ce degré, pour satisfaire les besoins en énergie, en eau, en nourriture et en matières premières ». » (page 5)
La bonne piste est effectivement celle qui nous renvoie vers le Livre blanc sur la défense et la sécurité nationale de juin 2008. Nous n’allons pas tarder à y venir. Prenons juste le temps de considérer de plus près les quelques mots que je fais figurer ici en rouge. Il y a tout d’abord la concurrence denouvelles puissances… Lesquelles ?…
Une remarque ultérieure du Rapport du Sénat nous permet de faire un petit pas en avant :
« Parmi les avantages comparatifs dont bénéficie la France figure la disponibilité, en quantité comme en qualité, des ressources en eau et des approvisionnements alimentaires nécessaires à sa population. » (page 6)
Rien que pour nous rendre sensibles à certaines choses, ouvrons La Libye révolutionnaire dans le monde (1969-2011) de Françoise Petitdemange à la page 250 qui traite, en particulier, de la Grande Rivière artificielle, ouvrage majeur de la Grande Jamahiriya Arabe Libyenne Populaire Socialiste :
« En attendant la fin de la construction du premier tronçon de la GRA (Grande Rivière Artificielle) qui doit irriguer les terres agricoles et apporter l’eau indispensable à tout élevage, la Libye, dont le désert couvre 90 % de sa superficie, et dont les terres, à proximité des côtes méditerranéennes, perdent de leur fertilité du fait de la salinité de l’eau de mer qui pénètre dans le sous-sol, effectue des efforts considérables pour diminuer les importations alimentaires et sortir de la mono-industrie. »
Que c’est donc vilain ! Rien que pour cela, n’y avait-il pas d’excellentes raisons de briser ce régime, quand, en France, on ne redoute rien sur le terrain de l’eau et des approvisionnements alimentaires, et qu’à l’inverse, on redoute ce que la Libye ne saurait redouter… et que nos sénatrices et sénateurs s’empressent de nous signaler dans leur Rapport :
« En revanche, notre pays est dépendant de pays étrangers non européens dans deux grands secteurs : l’énergie et les minerais, flux composés d’éléments majoritairement non renouvelables, ce qui accroît les tensions pour leur obtention. » (page 6)
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Michel J. Cuny