Assemblée Générale de l’ONU à New York –
Discours de Donald Trump, 19 septembre 2017 –
Texte 1 : Un discours de paix
Il est toujours instructif d’analyser les derniers événements de ce monde à la lumière de documents anciens. Certes, le discours de Donald Trump à la tribune de l’Assemblée Générale de l’ONU date du 19 septembre 2017. Mais le fond des discours, d’un président des États-Unis à l’autre, reste le même.
1 – D. Trump, 2017 – « Nous allons dépenser près de 700 milliards de dollars… »
D’emblée, Mr Trump commence son discours de paix avec des chiffres de guerre :
« [N]ous allons dépenser près de 700 milliards de dollars pour la défense et pour le secteur de l’armement. Notre armée est plus forte que jamais. Depuis plus de 70 ans, par les temps de guerre et de paix, les dirigeants du monde sont venus devant cette Assemblée et, tout comme eux, j’ai l’intention d’aborder aujourd’hui certaines des menaces les plus graves qui pèsent sur le monde. » [Assemblée Générale de l’ONU à New York, Discours de Donald Trump, 19 septembre 2017. Note de l’auteuse : La transcription du Discours, la lettre entre crochets qui remplace une lettre minuscule par une lettre majuscule est de moi. Mais la traduction est le fait d’une personne de l’ONU : qu’elle en soit ici remerciée.]
Après avoir fait montre d’un vernis de culture en évoquant « les perspectives d’avenir » et les progrès de la science et de la médecine, il ne peut s’empêcher de revenir à son dada : selon lui, les États-Unis constituent une entité pacifique. Si les États-Unis étaient tout seuls sur la Terre, tout irait bien dans le meilleur des mondes, mais voilà…
« Chaque jour, toutefois, est marqué par l’apparition de nouveaux dangers qui compromettent tout ce que nous considérons pour acquis : les terroristes, les extrémistes ont propagé la peur dans toutes les régions de la planète. Des régimes voyous appuient la terreur et menacent également d’autres nations et leurs propres populations avec des armes les plus destructrices que connaisse l’humanité. » [Assemblée Générale de l’ONU à New York, Discours de Donald Trump, 19 septembre 2017. Note de l’auteuse : La transcription du Discours est de moi. Mais la traduction est le fait d’une personne de l’ONU : qu’elle en soit ici remerciée.]
Oubliant l’histoire des États-Unis, le président crie : “Aïe !”
« Les trafics de drogue, la traite de personnes, les migrations forcées menacent nos frontières et de nouvelles sortes d’agressions exploitent la technologie pour faire mal à nos citoyens. » [Idem.]
Pourquoi tant de méchanceté à l’égard des États-Unis alors que ceux-ci répandent le bien partout ? Mr Trump, par exemple, est très ouvert sur le monde…
« Nous ne nous attendons pas à ce que les différents pays partagent les mêmes cultures, les mêmes traditions, pas même les mêmes systèmes de gouvernement mais nous nous attendons à ce que toutes les nations respectent ces deux devoirs fondamentaux : qu’elles respectent l’intérêt de leurs propres peuples et les droits de toutes autres nations souveraines. » [Idem.]
Bien sûr, il vaut mieux ne pas citer les derniers pays qui ont bénéficié et bénéficient encore de l’ouverture d’esprit et de l’esprit cultivé des prédécesseurs de Mr Trump à la présidence des États-Unis et de Mr Trump lui-même… Comme, par exemple, l’Afghanistan, l’Irak, la Libye, la Syrie, l’Iran. Tous, pays que, pour ces deux bonnes causes : « l’intérêt de leurs propres peuples et les droits de toutes autres nations souveraines », les États-Unis déstabilisent, écrasent sous leurs bombes, détruisent, et appauvrissent à coups de sanctions et d’embargos qui mettent les populations, que les bombes n’ont pas massacrées, dans des situations inhumaines.
Mr Trump est le président des États-Unis où les Bisounours vivent heureux dans le meilleur des mondes et font du reste du monde un monde de Bisounours. Grâce à l’ONU, Mr Trump le reconnaît lui-même à la tribune…
« C’est là le destin merveilleux de cette institution [FP : L’ONU] et c’est là la base de la coopération et du succès : des nations souveraines, fortes, avec des pays différents, des valeurs différentes, des traditions différentes et des rêves différents ; des nations qui ne font pas que coexister mais qui se respectent et qui travaillent côte à côte ; des nations fortes et souveraines qui permettent à leurs populations de s’approprier leur avenir, de dessiner leur destin ; des nations fortes et souveraines qui permettent à l’individu de grandir en menant la vie prévue par Dieu. » [Idem. Note de l’auteuse : La précision entre crochets est de moi.]
Si c’est Dieu qui dicte leur vie aux Bisounours, alors… Il n’y a plus rien à redire : tout est parfait.
D’ailleurs, Mr Trump est très libre d’esprit…
« Aux États-Unis, nous n’essayons pas d’imposer notre façon de vivre à qui que ce soit ; nous voulons plutôt briller par l’exemple au regard de tous. » [Idem.]
Car les États-Unis, comme chacun(e) des habitant(e)s de notre planète Terre le sait, sont une terre de « paix » pour les enfants qui s’entretuent, où règne la « prospérité » pour les milliardaires, et où les prisons, sans parler du camp de Guantánamo, sont vides tant la « liberté » est chérie. Et donc… « des millions de personnes » s’arrachent la Constitution états-unienne puisqu’elle est un modèle pour l’humanité entière :
« C’est un document historique, intemporel, qui a été le fondement de la paix, de la prospérité, de la liberté pour notre pays et des millions de personnes de par le monde se sont inspirés de la Constitution et du respect de la nature humaine, de la dignité humaine et de l’État de droit consacré dans notre Constitution. » [Idem.]
Et, pour qui ne s’en rendrait pas compte, aux États-Unis, « c’est le peuple qui gouverne ». Non, non, Mr Trump ne rigole pas avec les mots.
« La grande valeur de la Constitution des États-Unis repose sur ces trois premiers mots : “Nous, les gens.” Et des nations, des milliers d’individus ont voulu honorer cette promesse : les Américains ont voulu honorer la promesse ainsi faite dans la Constitution aux États-Unis : c’est le peuple qui gouverne, c’est le peuple qui régit, c’est le peuple qui est souverain. » [Idem.]
Le problème, ici, c’est que le président veut laisser croire au monde entier que les États-Unis sont une réelle démocratie. Hélas pour lui, beaucoup de « gens » de par le monde ne croient pas/plus au Père Noël. La Libye que, durant sept mois, son prédécesseur, Barack Obama, a écrasé sous les bombes aux côtés de la France et de la Grande-Bretagne, était, au temps de la Révolution (1969-2011), une réelle démocratie : une démocratie directe. Le Guide révolutionnaire, Muammar Gaddhafi, pouvait dire du peuple libyen, « c’est le peuple qui gouverne, c’est le peuple qui régit, c’est le peuple qui est souverain », pas Mr Trump, du peuple américain.
Mr Trump a trop lu mon ouvrage sur la Libye. Il confond Libye et États-Unis… Désolée pour Mr Trump, mais les mots ont un sens précis.
Françoise Petitdemange
10 janvier 2020