Lorsque De Gaulle décida de quitter le pouvoir en janvier 1946, Michel Debré se trouvait très rassuré de songer que les ordonnances prises par le chef du Gouvernement provisoire en mars et en octobre 1945 en vue de créer la Sécurité sociale appuyaient délibérément celle-ci sur la solidarité, certes, mais également sur la liberté…
Il s’agissait, bien sûr, de la chère liberté de 1789… C’est-à-dire de la liberté d’entreprendre.
Revenu en 1958 sur les ailes d’un coup d’Etat espéré depuis longtemps par la grande bourgeoisie française (cf. la rubrique « Etat 1958 »), le même De Gaulle a, dès 1959, frappé un grand coup : voici que naît le « brevet spécial de médicament » qui organise une protection de vingt ans pour tout nouveau principe actif déposé, mesure que François Besançon, fils du professeur Justin-Besançon qui avait été la cheville ouvrière des Laboratoires Delagrange (l’un des futurs éléments constitutifs de Synthélabo, précurseur de Sanofi…), commentera ainsi :
« La période où les brevets ont été possibles en matière de médicaments a été cruciale dans l’histoire des laboratoires. Il s’agissait de devenir propriétaire des brevets pour pouvoir les licencier à des sociétés d’exploitation françaises ou étrangères. »
Suite : L’un des bijoux nés de la Sécurité sociale quitte la France
Michel J. Cuny – Françoise Petitdemange