La découverte de la Drôme et des départements environnants nous avait fait perdre de vue l’appel en cours devant la justice lyonnaise.
La veille de la séance « en appel », notre avocat nous téléphona pour nous demander si nous avions l’intention d’être présents à la séance. Il nous dissuada d’y aller. « Cela aurait l’effet inverse ». Et, pour couronner le tout… « Je suis à Paris. Je ne pourrai pas être à Lyon, demain. Mais un collègue sera présent pour vous défendre. »
Malgré les documents solides de notre dossier… Le résultat fut, cette fois, sans surprise pour nous. Nous perdions la dernière bataille « en appel ». L’insistance de notre avocat pour que nous ne soyons pas présents lors de cette seconde et dernière séance sans appel tenait sans doute en quelques mots : “dessous de table”. Pauvres de nous… Nous la perdions contre une entreprise qui avait pignon sur rue… Plus pour longtemps, d’ailleurs *.

Une façon de rendre la justice…
Mais voilà qu’une lettre se rappelait à notre impossible souvenir : celle d’un avoué dont nous n’avions pas eu l’honneur de voir la tronche puisqu’il ne se montrait guère qu’en appel. Cet officier ministériel, attaché à la cour d’appel de Lyon, dont le comportement n’avait sans doute pas été des plus honorables à l’égard de notre cause puisqu’il n’avait pas daigné prendre contact avec nous pour remplir sa mission qui devait consister dans la représentation et le conseil des différentes parties en matière civile et commerciale, n’avait pas hésité à nous réclamer, sans vergogne, les derniers sous que nous avions.
Cet avoué cupide, je l’ai, à partir de cette revendication surgie dans notre boîte à lettres quelques mois après la fin du procès, surnommé “La Barrique”. L’avocaillon de l’imprimerie, dont nous n’avons pas même retenu le nom, est parti dans les égouts du tribunal de Lyon. Quant à notre avocat, que j’ai renommé « La Galette », il nous a laissé, comme ses tristes comparses, une piètre idée de la justice de La Capitale des Gaules.
Après cette triste expérience, pourrions-nous croire encore à une quelconque justice ? Certes, tous les avocats ne sont pas à ranger dans la même catégorie que ceux que nous avons côtoyés dans les couloirs et la salle d’audience du tribunal de Lyon. Mais l’idée que nous nous faisions du Droit et de la Justice a été définitivement endommagée.

En ce XXème siècle finissant, qu’avait à faire la justice de notre pays – en l’occurrence celle de Lyon – à l’égard d’un écrivain et d’une écrivaine comme nous qui vivions, depuis quelques années déjà – pauvrement, mais dignement – de l’écriture de nos livres ?
* À ce moment, nous étions loin de penser que, dix-neuf ans plus tard, elle mettrait la clef sous la porte. Créée le 1er janvier 1972, située au 28, quai de Dogneville – 88000 Épinal, l’entreprise fit ses cartons le 1er mai 1993. À cette date, elle déménagea au 5, rue de La Voivre – 88000 Épinal, et puis elle refit ses cartons le 15 juin 2005. À cette date, elle changea d’adresse et de localité pour s’établir dans un parc d’activités – 88470 Saint-Michel-sur-Meurthe. Deux ans plus tard, le 7 février 2007, elle ferma définitivement ses portes.
Françoise Petitdemange – Michel J. Cuny
20 mai 2025